Incinérateur d'Ivry : Emmanuelle Pierre-Marie, Maire du 12e, Jérôme Coumet, Mairie du 13e et Anne-Claire Boux, adjointe à la Maire de Paris en charge de la santé, demandent à l'ARS de mener des investigations sanitaires
Actualité
Mise à jour le 15/10/2025

Suite à la publication d'une série d'études mettant en évidence la présence de polluants aux abords de l'incinérateur d'Ivry, Anne-Claire Boux, adjointe à la Maire de Paris en charge de la santé, Emmanuelle Pierre-Marie, Maire du 12e et Jérôme Coumet, Maire du 13e, arrondissements limitrophes de l'incinérateur, réclament à l'Agence Régionale de Santé (ARS), dans un souci de transparence et de prévention contre des risques environnementaux et sanitaires d'effectuer des études précises sur la qualité de l'air et des sols. Voici le courrier adressé à Denis Robin, Directeur général de l'ARS Île-de-France.
Objet : Demande d’investigations sanitaires aux abords de
l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine
Monsieur le Directeur général,
Lors de la séance de ce jour, mardi 7 octobre
2025, le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité un vœu (cf. document joint)
relatif à la surveillance de la pollution aux PFAS aux abords de l’incinérateur
d’Ivry-sur-Seine, celui-ci étant situé à proximité immédiate des 12e
et 13e arrondissements.
Ce vœu relaie la préoccupation majeure
exprimée par de nombreux habitantes et habitants de nos arrondissements ainsi
que par plusieurs associations environnementales (Collectif 3R, Association
Respire, Zero Waste Paris) après la publication d’études indiquant la présence
de polluants dans le périmètre de l’incinérateur d’Ivry dont les implications
peuvent être extrêmement dommageables pour les organismes.
En avril dernier, le Collectif 3R a ainsi
rendu compte d’une étude menée en 2024 par l’ONG Toxicowatch faisant état de la
présence de dioxines et de métaux lourds dans les mousses, sols et végétaux
prélevés à moins d’un kilomètre de l’incinérateur, notamment dans des cours
d’écoles et près de crèches. Rappelons que cette publication avait donné lieu à
un vœu du Conseil du 13e arrondissement le 26 mai 2025 et à un
courrier qui vous a été adressé le 17 juin 2025 mais qui est resté
malheureusement sans réponse à ce jour.
La même année, des prélèvements effectués dans les filtres d’aération
de cinq écoles situées à côté du site d’Ivry-sur-Seine ont révélé la présence
de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, plus communément
appelées PFAS, confirmant que ces substances sont donc bien présentes dans
l’air respiré par les enfants.
Or, ces PFAS sont des polluants persistants
pour lesquels l’exposition, en particulier des enfants, est liée à des effets
graves sur la santé. Ainsi, ils peuvent occasionner des maladies chroniques,
des cancers, la perturbation du système endocrinien ou encore agir sur la fertilité
et sur le développement des fœtus, comme le soulignent l’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et Santé Publique
France. Les PFAS sont, par ailleurs, particulièrement durables dans l’eau et ce
alors que l’incinérateur est établi à quelques dizaines de mètres de la Seine.
Plusieurs rapports (IGEDD, 2023 ; INERIS,
2025) ayant montré que les incinérateurs peuvent être responsables de
l’émission de substances PFAS dans l’atmosphère lorsqu’ils traitent des déchets
contenant eux-mêmes ces substances, les risques pour la santé des habitantes et
habitants de nos arrondissements doivent donc appeler à la plus grande
vigilance.
La protection de la santé environnementale constitue naturellement un
enjeu primordial pour les élu.es que nous sommes. Des milliers de personnes
vivent et/ou travaillent à peu de distance de l’incinérateur, le secteur
comptant, en outre, des dizaines d’établissements (crèches, écoles maternelles
et élémentaires, collèges, équipements sportifs, etc.) qui accueillent
quotidiennement de très nombreux enfants.
Face à cette situation préoccupante, et dans un souci de transparence
et de prévention contre des risques environnementaux et sanitaires, nous vous
demandons de bien vouloir diligenter des études précises sur la qualité de
l’air et des sols, ainsi que sur les éventuelles retombées de pollution dans
les établissements publics parisiens, en particulier ceux qui accueillent des
enfants, notamment en matière de dioxine et furanes chlorées, de métaux lourds
ainsi que des PFAS et ce dans un rayon de 1,5 km à partir de l’incinérateur.
Plusieurs vecteurs pouvant contribuer à la présence de ces substances
dans notre environnement, dès lors, en sus du diagnostic sur l’exposition des populations,
les études doivent pouvoir identifier les principales sources de contamination
et quantifier la contribution de chacune à la pollution globale.
Par ailleurs, afin d’établir les conséquences des pollutions
identifiées sur la santé de la population, le Conseil de Paris a émis le vœu
qu’une étude épidémiologique soit conduite.
Ces investigations sanitaires sont essentielles pour évaluer les
risques, rassurer les habitantes et habitants des deux arrondissements et, le
cas échéant, engager des mesures de protection adaptées.
La santé des enfants, des familles et des travailleuses et des
travailleurs exige un engagement résolu de l’ensemble des institutions
publiques.
Nous restons naturellement à votre disposition pour échanger à ce sujet
et vous remercions par avance pour la suite que vous réserverez à cette
démarche.
Dans l’attente de votre retour, nous vous prions d’agréer, Monsieur le
Directeur général, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Emmanuelle PIERRE-MARIE, Maire du 12e arrondissement
Jérôme COUMET, Maire du 13e arrondissement
Anne-Claire BOUX, adjointe en charge des questions relatives à la santé publique et aux relations avec l’AP-HP, à la santé environnementale, à la lutte contre les pollutions et à la réduction des risques