Deux nouveaux lieux en l’honneur de femmes de la Commune dans le 12e
Mise à jour le 19/05/2021
Sommaire
Favoriser la visibilité des femmes dans l’espace public
Trois Communardes emblématiques
Cet hommage est la preuve que même si la troisième République a tout fait pour effacer la mémoire de la Commune, celle-ci résiste avec éclat. La Commune est un moment d’urgence intellectuelle, un foisonnement limité dans un temps très court qui a amalgamé des destins exceptionnels, mais aussi des luttes. Ces luttes - la démocratie, le féminisme et la redistribution des richesses - sont toujours les nôtres aujourd’hui. C’est l’essence même de la Commune, une explication essentielle à la force des mouvements sociaux récents et actuels.
maire du 12e arrondissement de Paris
Anna Jaclard, l’aristocrate devenue Communarde
Avec son mari, elle échappe à la semaine sanglante et fuit d’abord à Londres puis en Russie, où elle se lie à nouveau avec des groupes révolutionnaires. Le couple rentre en France en 1881 à la suite de l’assassinat terroriste d’Alexandre II et la répression qui suit. Ils reprennent leur travail journalistique et intellectuel en France. Anna Jaclard décède en 1887 et est inhumée à Neuilly-sur-Seine. Paris lui rend hommage en nommant une rue du 12e arrondissement à son nom.
André Léo, l’écrivaine sous pseudonyme
Pendant la Commune, elle participe à l’Union des citoyens du 17e. Commence alors pour elle un travail éditorial et intellectuel titanesque, avec de nombreuses publications dans les journaux de la Commune, dont elle est une ardente défenseuse. Mais sa boussole républicaine l’empêchera de cautionner la suppression des journaux royalistes ou versaillais. Elle échappe elle aussi à la Semaine Sanglante en s’exilant en Suisse et en Italie. Elle continue une vie intellectuelle de haut-vol, débattant avec Marx, qu’elle juge trop autoritaire. Après un retour en France en 1880 et des collaborations avec la presse socialiste, elle meurt en 1900, près de Paris. La Mairie de Paris lui rend hommage en nommant une passerelle à son nom, située au sein du Jardin de Reuilly, dans la lignée de la Coulée Verte René Dumont.
Marie Rogissart, l’activiste ouvrière
Lors de la répression de la Commune de Paris pendant la semaine sanglante, Marie Rogissart est sur les barricades, fusil au poing. Elle disparaît et échappe aux troupes versaillaises avant d’être arrêtée dans le 4e arrondissement en juin 1872 sur dénonciation. Accusée sans preuve d’avoir participé à des incendies et à des exécutions de réfractaires, elle est condamnée à sept ans de travaux forcés en Nouvelle-Calédonie.
Son destin prend alors un tour curieux puisque contrairement aux autres condamné·es, elle décide de rester à Nouméa malgré l’amnistie de 1880. Elle ne rentrera jamais en France et devient, sur l’île, la dernière survivante des déporté.es politiques de la Commune de Paris jusqu’à sa mort en 1929.
Les femmes dans la Commune
Au-delà des revendications d’égalité entre les sexes, qui n’auront pas le temps d’aboutir, c’est bien la place primordiale qu’ont prises les femmes dans l’organisation des comités de vigilance, mais aussi dans la construction d'une pensée communarde qui est remarquable. André Léo, par sa plume et son activisme littéraire, a réellement forgé une idéologie cohérente et rayonnante, bien que son activisme soit circonscrit aux journaux et non aux positions de pouvoir.
D’ailleurs, en France, ce n’est qu’en 1944 que les femmes accéderont au droit de vote, soit 73 ans après la Commune, tandis que la Nouvelle Zélande accordera ce droit dès 1893.
La place prise par les femmes lors de la Commune se reflète dans le travail, qui permet de faire fonctionner la ville, de les nourrir et qui est un remarquable facteur d’émancipation et de sociabilité. L’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, structure 100% féminine et indispensable à la Commune en est un exemple frappant. L’Union, qui compte plusieurs centaines de femmes, est notamment dirigée par Elisabeth Dmitrieff, l’émissaire de Karl Marx à Paris, et Nathalie Le Mel, une relieuse bretonne montée à Paris qui était déjà très investie dans l’Association internationale des travailleurs avant le 18 mars.