Les élèves de la classe UPE2A du lycée Paul-Valéry à la commémoration des 80 ans de la libération d'Auschwitz
Évènement
Mise à jour le 18/03/2025

Chaque année, la cérémonie d’hommage aux enfants juifs parisiens déportés associe des élèves des établissements scolaires du 12e. En janvier 2025, pour la commémoration des 80 ans de la libération d'Auschwitz, des élèves de la classe UPE2A du lycée Paul-Valéry étaient présents avec leurs camarades du collège Courteline. L’occasion pour eux de témoigner dans la langue universelle de la poésie de l’importance d’une mémoire collective pour l’Histoire et d’un combat transgénérationnel pour la Liberté.
Ce jour-là, le 28 janvier 2025,
ils sont une vingtaine à la commémoration de la libération des camps, à la
fondation Rothschild. Ce sont des élèves du lycée Paul-Valéry, qui ont une
particularité : ils sont arrivés il y a
quelques semaines voire quelques mois en France, et sont scolarisés dans un
dispositif UPE2A (Unité Pédagogique pour Élèves Allophones nouvellement Arrivés)
qui leur permet de suivre la classe de leur âge et apprendre le français
à raison de 18h par semaine.
Âgés de 15 à 18 ans, originaires
de Guinée, Syrie, Bangladesh, Sri Lanka, Algérie, Tunisie, Vietnam, Brésil,
Pérou, Inde, Chine, Nigéria, ou des Philippines, ils ont appris des extraits de
poèmes de et sur la 2nde Guerre mondiale. Ces jeunes, bien
scolarisés dans leur pays d’origine, connaissaient les éléments principaux de
la 2nde Guerre mondiale. Mais beaucoup ont découvert l’existence et
l’importance de la Shoah ces dernières semaines, en classe. Leur participation
à la commémoration est apparue comme une étape essentielle de l’appropriation
de cet événement abominable. La plupart sont venus par curiosité, parce que le
professeur principal avait programmé cette participation depuis plusieurs
semaines, mais ils ne se figuraient pas ce qu’ils allaient vivre.
Quand ils ont vu les autres
élèves répéter, quand ils ont répété eux-mêmes, la tension est montée d’un cran
« monsieur, mon cœur bat vite ». Quand la cérémonie commence,
ils sont calmes, attentifs, tentent de comprendre ce qui se dit. Certains ont
débuté leur apprentissage du français il y a seulement deux semaines, ce qui ne
suffit évidemment pas pour comprendre les discours, mais ils saisissent
l’atmosphère, comprennent la fonction et l’importance de certaines
personnalités. Ils ont compris au moins une chose, lorsque Madame la maire se
tourne vers eux : ils deviennent ce jour-là des témoins et des passeurs de
mémoire. Les interventions de deux rescapés, Esther Senot et Jacques Altmann,
sont émotionnellement très fortes. À défaut de tout comprendre, ils
appréhendent sans doute la souffrance et la douleur. « Même si je n’ai
pas tout compris, j’ai ressenti les émotions. » Sans s’en rendre compte, ils sont en train de
figer ces instants pour toute leur vie.
C’est à eux maintenant : ils
montent seuls sur l’estrade. Ils sont prêts. Ils ont répété les textes, appris
à bien les prononcer, dans quels contextes ils ont été écrits, quels sentiments
ils véhiculent. Tour à tour, en prenant leur temps, ils transmettent la
puissance des mots de Paul Eluard, Louis Aragon « et si c’était à refaire/
je referais ce chemin » », René-Guy Cadou, Berthold Brecht, Jorge
Semprun et Tahar Ben Jelloun « Celui qui marche d’un pas lent dans la rue
de l’exil / C’est toi / C’est moi ». En France, ces poèmes font partie de
notre culture commune. Pour ces adolescents venant de l’étranger, c’est une
découverte. Ils disent ces textes en pleine conscience, concentrés,
impressionnés par le silence attentif du public. « Quand j’ai récité le
poème, j’ai ressenti l’affection du public. » Ils le récitent avec leur
accent, certains passages dans leur langue d’origine, en brésilien, en anglais.
Une fois la cérémonie terminée,
ils savourent les compliments qui pleuvent. Le public et les représentants
officiels les félicitent et découvrent ces élèves allophones arrivant de
l’étranger, qui sont souvent invisibles. Ils sont pourtant près de 2500 dans
les classes des collèges et lycées publics à Paris. La mémoire n’est pas
partisane, elle dépasse les frontières, comme nos valeurs communes : l’engagement pour la liberté, le respect des
différences.
Peut-être pour la première fois
depuis leur arrivée en France, ils ont partagé un sentiment unique, celui
d’être acteur.trice citoyen.ne de la communauté nationale. « J’ai
compris, je veux revenir l’an prochain. » Ils s’en souviendront
longtemps et ont bien saisi, quel que soit leur parcours futur, qu’ils sont
devenus, ce jour-là, les ambassadeurs de la mémoire.
Remerciements à M. Stéphane
Paroux, professeur de lettres modernes, enseignant en en UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants) au lycée
Paul-Valéry Paris 12e et coordonnateur du CASNAV à l'Académie de Paris.
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