Place Henri Frenay | Alix d’Anselme, muraliste : "Mon œuvre signalétique et artistique embellit et simplifie les parcours sur la place"

Entretien

Mise à jour le 02/12/2025

Une jeune femme, artiste peintre pose au milieu d'une fresque monumentale au sol
Alix d’Anselme est muraliste, un métier qui consiste à peindre des fresques sur les murs ou au sol. Durant le mois d’octobre, elle a réalisé une fresque de 1.300m² Place Henri Frenay, en collaboration avec l’agence artistique Peint à la Main et avec l’aide d’une équipe de la société Reflex Signalisation, spécialisée dans la signalisation au sol.

Bonjour Alix, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre métier de muraliste ?

Je m’appelle Alix d’Anselme, j’ai 34 ans et je suis muraliste, un métier que j’exerce depuis 4 ans et qui consiste à peindre des fresques pas seulement sur les murs, comme son nom pourrait le laisser penser, mais aussi au sol, comme c’est le cas aujourd’hui, sur cette place Henri Frenay où nous avons réalisé cette œuvre pour la Mairie du 12e, en collaboration avec l’agence artistique Peint à la Main avec laquelle je travaille régulièrement, et avec l’aide d’une équipe de la société Reflex Signalisation, spécialisée dans la signalisation au sol.

La place Henri Frenay qui jouxte la gare de Lyon est très passante. Pouvez-vous nous expliquer votre approche artistique de muraliste pour contribuer à construire une identité urbaine sur une place aussi fréquentée ?

C’est une œuvre colorée, artistique qui propose une triple lecture. Une signalétique, marquant notamment les entrées dans la gare, les accès aux poubelles ou les chemins menant aux ombrières qui seront suggérés de manière subtile par des nuages, des voies menant aux brumisateurs situés à l’entrée de la place. C’est aussi un parcours de jeux pour enfants qui étendra à l’ensemble de la place les deux aires de jeux pour enfants installées en son centre. C’est aussi et enfin un œuvre artistique. Les motifs sont colorés, joyeux et égayeront cette place collée à la gare de Lyon.

Votre travail consiste à embellir, égayer la place, mais aussi et peut-être surtout, à créer des usages et en faire progressivement disparaître d’autres. Les œuvres d’art ont-elles ce pouvoir en matière d’urbanisme ?

Exactement. C’est ce qu’on appelle la signalétique active. Cela permet aux personnes qui fréquentent un espace public de comprendre comment il a été pensé par les urbanistes. Les espaces situés en proximité de gare, comme la place Henri Frenay, font l’objet de multiples usages, avec des gens de passage, qui partent travailler, qui partent en vacances, des personnes qui s’assoient pour se reposer ou prendre le soleil… Ces publics divers ont des manières variées d’utiliser la place et de s’y déplacer. La signalétique simplifie leur parcours, la visibilité et l’accessibilité au lieu, en l’occurrence ici, à la gare de Lyon.
Quand elle est artistique, cette signalétique apporte aussi une dimension esthétique. La fresque est fonctionnelle, mais elle ne comporte pas les signes standards d’indication comme des flèches. J’ai opté pour des signes plus simples, plus sobres, comme des lignes, des courbes, des ronds qui sont moins directifs, mais tout aussi compréhensibles : ils indiquent clairement les accès à la gare, les cheminements vers les équipements, les entrées et les sorties de la place.

La place Henri Frenay se distingue des places sur lesquelles vous avez déjà travaillé par la diversité de ses publics et de ses fonctions, mais aussi par sa taille.

J’ai déjà travaillé sur des terrains de jeux pour enfants, des cours de récréation, des projets qui très enrichissants dans lesquels la notion de parcours est très présente. Les plus grands terrains sur lesquels j’ai été amenée à travailler couvraient entre 300 et 400m². Avec ses 1.300m², la place Henri Frenay est la plus grande surface qui m’ait été confiée.

Votre univers graphique fait de couleurs vives et de formes faciles à appréhender pourrait être qualifié d’« enfantin », vous avez d’ailleurs beaucoup travaillé dans des espaces scolaires. S’adresse-t-on de la même manière aux adultes et aux enfants quand on est muraliste ?

Si je devais décrire mon univers, je dirais qu’il est coloré, joyeux, vivant, davantage naïf qu’enfantin. Sur cette place, nous voulions évidemment nous adresser aux enfants, car elle comporte des aires de jeux, adaptées aux enfants de tous les âges. La fresque a donc été pensée pour eux, mais pas que ! Nous l’avons conçue pour qu’elle s’adresse aussi aux adultes usagers de la gare ou habitants du quartier qui ont tous été des enfants. Je pars du principe que ces motifs joyeux et enfantins leur parleront et les toucheront. L’évocation du soleil suscite des réactions positives chez les adultes comme chez les enfants, tout comme il est prouvé que les couleurs ont des effets bénéfiques sur l’humeur de petits et des grands. Je pense que mon œuvre et son message s’adressent aux publics de tous les âges.